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VIème Congrès International sur la Viticulture de Montagne et en Forte Pente

26 - 28 avril 2018 - San Cristobal de La Laguna (îles Canaries - Espagne)

La viticulture dite « héroïque », phénomène désormais mondial, concerne tant l’Europe que l’Amérique du Sud et le Moyen-Orient. Les vignerons de ces territoires « extrêmes », qui cultivent et produisent de grands vins sur les pentes les plus abruptes du monde et sur les petites îles, partagent les mêmes forces et les mêmes faiblesses.

Le Cervim assure la liaison entre les différentes entités internationales répondant aux critères de la viticulture héroïque. Il a co-organisé, durant ces derniers jours, le sixième Congrès International sur la viticulture de montagne et en forte pente – qui s’est déroulé à San Cristóbal de La Laguna, Tenerife, aux îles Canaries. Il s’agit du deuxième congrès en deux ans après celui de Conegliano (Trévise, Vénétie) en 2017… Preuve d’un engagement profond pour le Cervim, qui a pu voir le près le monde des institutions et de la politique à tous les niveaux ainsi que les experts de la profession eux-mêmes. Ces trois jours (26-28 avril) de débats scientifiques, de rencontres technico-politiques et de visites thématiques dans les vignes héroïques de Tenerife ont réuni des participants venus des quatre coins du monde. Roberto Gaudio, président du Cervim, déclare que grâce aux grandes personnalités de l’agriculture européenne et locale présentes au congrès, les problématiques les plus actuelles et les plus courantes de la viticulture héroïque ont pu être soulevées et abordées en profondeur. Bien qu’elle ne représente que 5% de la viticulture mondiale, la viticulture de montagne et pratiquée sur les petites îles, rappelle-t-il, est en réalité un symbole d’excellence en matière de savoir-faire viticole et dans la production de vins de grande qualité. Les raisons ? La nature extrême du climat, la configuration particulière des sols, le caractère unique des vignes et du terroir, ou encore les méthodes œnologiques et viticoles utilisées. En outre, poursuit Gaudio, le caractère « non-reproductible » de ces paysages, gardiens du territoire, leur confère des valeurs culturelles, identitaires, économiques et touristiques. Narvay Quintero, Conseiller du gouvernement des Canaries pour l’Agriculture, a souligné l’importance de la tenue du congrès dans la mesure où il « réuni[ssai]t des spécialistes venus de l’Espagne, de la France, de l’Allemagne, de l’Italie, du Portugal, des Etats-Unis, de la Suisse et même de la Russie. Or, la présence de tous ces pays contribue à valoriser le secteur viticole au sein de l’archipel, ainsi que le travail qu’agriculteurs, œnologues et vignerons accomplissent aux Canaries. » Quintero ajoute que la « professionnalisation que le secteur a vécu ces dernières années a donné naissance à la production de vins exceptionnels dont la qualité a pu être reconnue au niveau international. La culture de la vigne sur les îles, deuxième plus importante sur l’archipel, contribue à la conservation de la biodiversité, du paysage, des traditions et des zones rurales de nos régions ».

Les divers rapporteurs, appartenant à la catégorie des « jeunes chercheurs », ont fourni une plus-value scientifique et un intérêt nouveau aux différentes sessions, tant sur le plan méthodologique que sur le plan pratique (utilisation de nouvelles technologies, telles que les drones pour l’étude du territoire, de sa variabilité et de sa vulnérabilité).

Ce qu’il en est ressorti, souligne le Président du Comité Scientifique Diego Tomasi, c’est qu’un travail de fond orienté vers une réduction de la main-d’œuvre à travers une plus forte mécanisation entraînerait la réduction des coûts de production. Les techniques œnologiques devraient en outre permettre de conserver les propriétés uniques des raisins et de chaque cépage. Cela, les institutions locales, régionales et nationales l’ont bien reconnu, si bien que leurs représentants respectifs, présents lors de la table ronde, se sont entendus sur le fait qu’il fallait absolument préserver ces territoires élevés au rang de patrimoine culturel.

Pour la première fois, Jean-Marie Aurand, directeur général de l’OIV (la plus grande organisation au monde de la vigne et du vin), a pris part au congrès. Il a souligné le rôle déterminant que jouait la viticulture héroïque d’un point de vue économique « pour les territoires locaux ». Selon lui, elle permet de convertir en véritables ressources les difficultés que présentent ces territoires. Aussi a-t-il reconnu la place centrale du Cervim, porte-parole international de la viticulture héroïque.

Le directeur général de l’Agriculture et du développement rural de la Commission européenne Stefano Cinti est également intervenu : « Dans le cadre des programmes de soutien nationaux pour le secteur vitivinicole, il est d’ores et déjà possible de bénéficier du soutien de l’UE et d’investissements liés à la viticulture en forte pente pour la restructuration des vignes. Dans la proposition de la Commission sur la PAC post 2020, l’actuel arsenal de mesures annoncées dans l’OCM vin sera confirmé. Certains des objectifs visés par la PAC comprennent des thématiques liées à la viticulture héroïque. »